Impact environnemental du numérique en 2030 : prévisions et enjeux à considérer

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Homme d affaires concentré au bureau avec vue urbaine

7 %. Voilà la part du numérique dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre attendue pour 2030, un pourcentage qui relègue l’aviation civile au second plan. Cette progression fulgurante, alimentée par la vague des objets connectés et l’appétit insatiable pour la donnée, redéfinit l’équation environnementale à grande échelle.

Sur le terrain, les pouvoirs publics voient souvent l’innovation aller plus vite que les stratégies de régulation. Quelques industriels tentent de tracer la voie en réduisant leur pollution, mais leurs efforts isolés ne suffisent pas à contenir la déferlante numérique, ni la demande énergétique mondiale qui grimpe.

Le numérique en 2030 : quels enjeux pour la planète ?

Le numérique s’accélère à vue d’œil et son empreinte écologique en fait autant. Poussée par la multiplication des objets connectés et une frénésie inédite de la donnée, la consommation d’énergie du secteur numérique dépasse désormais des secteurs industriels historiques. On parle ici d’une armée de terminaux : ordinateurs, smartphones, serveurs, chacun contribuant à la pression sur les ressources de la planète.

En amont, chaque appareil sollicite un long parcours : extraction de minerais, assemblage, transport, gestion des déchets électroniques. À l’arrivée, le secteur du numérique génère plus de gaz à effet de serre que les avions commerciaux. Les serveurs des data centers et les appareils que nous utilisons tous les jours pèsent lourd dans cette empreinte carbone.

En France, la formidable poussée des services numériques soulève une question de société : innover, oui, mais à quel prix pour l’environnement ? Entreprises et institutions multiplient les stratégies pour freiner la consommation énergétique, mais la rapidité du renouvellement des terminaux, l’explosion de la vidéo en ligne, complexifient cette équation.

Trois grands constats ressortent de cette transformation :

  • L’essor des usages numériques a des conséquences environnementales massives.
  • La consommation d’énergie par les technologies numériques évolue très vite, tant par le volume que par la répartition des postes.
  • Réduire les émissions de gaz à effet de serre nécessite d’examiner l’ensemble du cycle de vie des appareils, du berceau à la tombe.

Chiffres clés et tendances : ce que révèlent les prévisions environnementales

La fabrication des équipements concentre l’écrasante majorité de l’empreinte environnementale du numérique. Les projections avancent qu’en 2030, près de 80 % des émissions de gaz à effet de serre imputables au secteur découleront de cette seule phase industrielle. L’utilisation quotidienne a un poids, mais la fabrication pèse bien plus lourd dans la balance.

En France, la tendance s’annonce spectaculaire : le numérique pourrait dépasser 20 millions de tonnes de CO₂ par an, soit une progression avoisinant les 60 % en une décennie. La consommation d’énergie des infrastructures, terminaux et réseaux Internet devrait franchir le cap des 100 térawattheures, poussée notamment par la montée du streaming et la généralisation des objets connectés.

Quelques faits marquants illustrent ce tournant :

  • Le scope 3, les émissions indirectes liées à la fabrication et au transport, domine très nettement, loin devant les émissions directes (scope 1) ou celles liées à l’électricité (scope 2).
  • L’analyse du cycle de vie d’un smartphone est explicite : plus de 70 kg de CO₂ générés lors de la seule fabrication de l’appareil.

L’accumulation généralisée d’appareils façonne une alternative pour chacun : faire durer ses équipements et en ajuster l’utilisation, ou bien accepter une augmentation continue de l’impact environnemental du numérique.

Le numérique, frein ou accélérateur de la transition écologique ?

Difficile de trancher tant le numérique incarne des paradoxes. Certains misent sur la sobriété numérique et l’écoconception pour faire des technologies des atouts en faveur de l’écologie. Des innovations comme l’optimisation énergétique à travers l’intelligence artificielle ou la gestion intelligente des réseaux logistiques en sont des déclinaisons concrètes, qui prouvent qu’un numérique responsable n’est pas une utopie.

Toutefois, cette médaille a son revers. L’effet rebond s’invite souvent à la fête : chaque progrès technique peut ouvrir la voie à de nouveaux usages encore plus consommateurs d’énergie, effaçant ainsi tout gain environnemental. Streaming surdimensionné, foisonnement d’objets connectés ou course à la performance dans les centres de données : ces usages accélèrent aussi les dérives écologiques du secteur.

Le débat ne se joue donc pas seulement à l’échelle technique. Faut-il continuer à tout miser sur une extension sans fin du numérique, ou marquer un temps d’arrêt collectif ? Certaines grandes entreprises investissent dans les énergies renouvelables, mais leurs modèles restent structurés autour d’un usage numérique croissant, toujours tiré vers le haut.

Un constat ressort : sans virage assumé, le secteur numérique menace d’entrer en contradiction frontale avec les ambitions climatiques mondiales. La sobriété numérique s’affirme ainsi comme un projet de société, culturel et technologique à la fois, si l’objectif reste de faire du numérique un pilier au service de la transition.

Jeune femme écologique observant un déchet électronique

Vers des pratiques numériques responsables : pistes d’action et leviers individuels

L’empreinte environnementale du numérique se sculpte dès la phase de conception et s’accroît à chaque étape de vie des équipements. Pourtant, plusieurs leviers très concrets permettent d’influer sur cette tendance. Allonger la durée de vie des terminaux demeure l’un des moyens les plus puissants. Utiliser un smartphone pendant six ans plutôt que trois permet de mieux répartir l’énergie mobilisée pour sa fabrication, son transport et sa distribution, c’est un impact réel et mesurable sur l’ensemble du cycle de vie.

Le recyclage et la lutte contre l’obsolescence programmée offrent d’autres points d’appui. En France, la garantie légale rallongée incite désormais les fabricants à concevoir des appareils plus durables. Privilégier la réparation quand c’est possible, choisir un produit reconditionné en guise de nouvel achat, c’est aussi changer le paysage du secteur à son échelle.

Pour agir concrètement, différentes options s’offrent à chacun :

  • Éliminer les usages superflus : tri des e-mails, streaming réduit, objets connectés désactivés lorsqu’ils ne servent pas.
  • S’orienter vers du matériel reconditionné ou qui provient de filières responsables.
  • Confier ses anciens équipements à des filières de recyclage dédiées, plutôt que de les stocker ou de les jeter n’importe où.

La sobriété numérique s’inscrit désormais dans une somme de micro-gestes, répétés au fil du temps par des millions d’utilisateurs. Prolonger la durée de vie des appareils, rationaliser leurs usages, encourager l’économie circulaire : ces pratiques, additionnées, dessinent peu à peu une trajectoire qui pourrait, demain, inverser la tendance de notre planète connectée.